Muet : de tous les possibles, dans leur état physique ou temporel, aucun n'est accessible à qui ne connaît pas la valeur exacte de son intuition. Ils sont en paillettes, dont chacune est un souffle, un mot, un avenir, qui montent et qui descendent, insaisissables dans leurs parois de verre, et qui parfois retombent par paquets entiers, par milliers à la fois, afin que pas la moindre ne se prenne aux mailles de ma toile. Parfois je les oublie et je reste néant, ridicule bague sans fiançailles, contraint et forcé, stupide, mais pas sordide au point de rompre définitivement avec le moustique de mes voeux. Je suis au plus d'accord pour dormir criminel avec la veille du juste, dormir comme le loir lorsqu'on prêche le hibou, le baiser est le même, mais être des hommes, ce doit être se faire honneur à son corps défendant, pincer sa fierté à la bretelle de du temps au moment où la vanité implorerait la barre pliée de la pensée de frapper son émotion ; et puis faire un pas, un seul, même dans la foule, parce qu'on se doit d'être sali, entaché et criblé, et foulé au pied. Enfin, un pouls battrait dans mes veines qui ne serait pas le mien, là-bas, en vitrine, certains disent "au-dessus des monts" qu'il nous faudrait quitter afin d'en recevoir toutes les bénédictions ; grimper l'ubac pour dévaler l'adret, dérision limite des hauteurs jamais assouvies lorsqu'elles ne se donnent qu'à flanc couché au sol, depuis le col passé. Là, le jumeau confessé à mon versant abrupt adjoindrait à la plaine les tirants de sa chute. Lorsqu'à la crête, sans équilibre, le partage lui est pardonné entre la timidité chez le loup et l'orgueil du chien, sauf la tyrannie de la honte, faune piégé par naissance, il nous reste à choisir : gambader sur trois pattes ou statufier sur quatre, puisqu'à dire comme à se taire il faut toujours y laisser quelque chose.

 

* L'orgueil offre tout à perdre, même au plus démuni.