Besoin : il me faut ton odeur pour ne pas empester, que l'auréole de parfum qui entache ta flamme imprègne mes chiffons. Il me faut ton regard pour ne pas être aveugle ; ta paresse est un khôl dont on ne se dépare pas. Ton souffle et je n'étoufferai pas ; ma bouche passerelle à la musique de l'air qui siffle de tes poumons. Ton sein, car sans, comme un veau, je beugle. Chacun de tous tes pieds pour ne pas trébucher ; il me faut ton haleine pour qu'enfin je m'enivre. Ta saveur existe pour moi, à dégoûter ; j'apprends ma langue à l'atelier de ta poitrine. Ton vécu est à moi pour continuer à vivre ; j'envahis tout ce qui t'appartiens, ma rue passe devant ta maison. Ton hasard doit être ma menace ; une main coupée au hachoir, une épine qui se plante dans ton dos, une tuile de ton toit. Tes gènes retrouvent mon aïeul ; tu es antérieur à ma vie et postérieur à moi. Et ton bonheur décidera de ma face ; tes miroirs possèdent depuis mon arrivée des deuxièmes côtés. Que tu sois là pour être seul.