Retour : retracer sans tarder la courbe du repentir. Poursuivre pas à pas le trajet à rebours. Remonter tout le cours de la mer et du fleuve, du fleuve et du ruisseau, du ruisseau à la source. Etancher l'amazone apprise et éduquée. Vomir à tour de bras les lieux et les discours. Quitter sans plus attendre l'indécision troublante d'un âge impertinent dressé dans la tourmente de la peau et du jour et la chair de la nuit. Fuir à grande enjambée ce hideux pachyderme pour la moiteur calme d'un palais verdoyant : regravir la naissance jusqu'à en perdre haleine. S'entourer de la vie palpitante et tranquille, resserrer ses vieux liens, confiné dans la gaine et noyer ses contours. Réintégrer sa place. Somnoler, éternel, sous la douce pression d'une tendresse ombilicale. Et ne plus respirer. Jamais.

 

* Poète s'écrit avec deux ailes mais avec une seule plume : il faut en être à l'état d'âme pour connaître l'envol.